Les passages entre guillemets sont des citations exactes, le
reste est une synthèse personnelle.
Samedi 1er avril 2023
Le marché du soin
"Mr Claude Le Pen, professeur en économie de la santé, en
2014 au Collège de France : « Nous sommes là pour liquider
sans regret le modèle artisanal de la médecine » . [...] Le
mouvement formel d'anglo-saxonisation de la mécanique du
système de soins est un mouvement fordiste d'optimisation des
chaînes de montage de la production de soins." (p47)
Les soignants ont des objectifs économiques : vous devez faire
tant d'opérations par mois, vous devez assurer tel taux
d'occupation de lits. Hannah Arendt parle de l'extraordinaire
banalité du mal : c'est comme faire partir un train pour
Auschwitz simplement parce qu'on en a reçu l'ordre, surtout en
ne cherchant pas à savoir.
On déclare les actes hospitaliers de manière douteuse pour
rentrer dans les cases les plus rentables. On en arrive même à
produire des soins inutilement pour gagner de l'argent (si si
véridique : perfusion de dobutamine juste pour de l'argent, page
52 !).
Et qui dirige les opérations, la HAS, l'ANSES, l'ANSM, qui
participent tous à cette expropriation des soignants hors du
système de santé. Ils ne sont plus que les rouages d'une logique
techno-industrielle et numérique. Vous vous souvenez du film
"Les temps modernes" de Chaplin ?
La mafia
La clinique est remplacée par la statistique. Le "vrai" issu du
numérique prend le dessus sur le "vrai" connu des vieux sages.
C'est l'Evidence Based Medecine (EBM médecine fondée sur les
faits). Encore ce soucis de perfection mathématique : "médecine
fondée sur les données probantes ; se définit comme
l'utilisation consciencieuse, explicite et judicieuse des
meilleures données disponibles pour la prise de décision
concernant les soins à prodiguer à chaque patient." (Wikipedia)
Evidemment l'industrie pharmaceutique contrôle les publications
scientifiques, afin que l'EBM soit bien respectée, dans leur
intérêt, quitte à fausser quelques données. L'exemple de
l'Hydoxychloroquine est une banalité dans l'océan des mensonges.
La corruption est devenue la norme, toutes les institutions qui
peuvent favoriser ces industriels seront immédiatement asservies
et tous les contre-pouvoirs qui tentent de résister seront
impitoyablement éliminés. Vous vous souvenez du film "Le
parrain" de Coppola ?
"Il s'agit de faire du pognon" (p58). "Dr Arnold Renman,
rédacteur en chef du New England Journal of Medecine (NEJM)
disait en 2002 : « la profession médicale est achetée par
l'industrie pharmaceutique, non seulement en termes de
pratique de la médecine mais surtout en termes d'enseignement
et de recherche. Les institutions académiques se permettent
d'être les agents rémunérés de l'industrie. Je pense que c'est
honteux. » " (p59)
Les publications scientifiques servent à vendre des médicaments.
L'industrie pharmaceutique gagne des sommes d'argent obscènes
tout comme la mafia, les effets secondaires des médicaments
vendus à tord font des morts tout comme la mafia, l'industrie
pharmaceutique corrompt les politiciens et les instances de
contrôle tout comme la mafia.
Les artefacts
Les humains ont toujours inventé des systèmes pour accélérer
leur appropriation de la matière, ils créent des artefacts.
Avant le 20° siècle, l'évolution des technologies était lente,
et cela nous permettait de nous y adapter. Ce n'est plus le cas.
La disruption est l'accélération sans précédent du rythme de la
mutation technique. A cette vitesse, le groupe humain n'a plus
la capacité d'intégrer l'évolution à laquelle il doit faire
face, ce qui induit la dislocation des systèmes sociaux et des
individus.
Et paradoxalement ces systèmes qui cherchent la perfection
finissent par un maximum de désordre. L'industrie agricole a
détruit l'agriculture, les agriculteurs, et la nature, tout ça
pour une production de plus en plus mauvaise et des citoyens
malades de malbouffe.
Nous, humains, vivants, sommes capables de tout reconstruire,
mais il nous faut du temps et c'est pour cela que la disruption
nous paralyse, l'accélération est trop forte. La cohérence du
groupe s'effondre. Ceux qui ouvrent les yeux partent, ils n'ont
pas d'autres choix, ce sont les suspendus. Les autres restent en
obéissant aveuglément, ce ne sont que des automates.
"Les médecins se sont retrouvés contaminés par
l'artefactualisation industrielle. Ils sont devenus de fait
des objets sans nature et sans vif. Réifiés. C'est le bout de
la chaîne de montage industrielle disruptive : transformer
tout ce qu'elle touche en cadavre ou en zombie." (p72)
"Voilà quelle a été notre histoire technique depuis la
révolution industrielle. Il faut éradiquer l'imprévu. Et
l'imprévu, c'est le vivant. Alors il faut en finir avec le
vif, avec l'humain et sa variabilité." (p73)